
La signification du guru
Guru est un mot sanskrit qui veut dire maître, enseignant, guide spirituel. Le mot suggère la capacité de transformer l’ombre en lumière, d’enclencher un processus alchimique. Les gurus étaient des personnes qui diffusaient et partageaient un certain savoir et sagesse qu’ils avaient obtenue par leurs expériences dans leurs vies terrestres ou à travers leurs différents cycles d’incarnations.
En occident nous avons perverti la signification du mot guru et il représente pour nous une personne malhonnête et manipulatrice qui tente d’exercer une certaine influence sur un nombre de personnes pour y extraire un bénéfice personnel sous la forme d’une fortune, d’un pouvoir ou de la glorification de sa personne.
On peut voir cette perversion du guru comme une grande tragédie, mais je le vois plutôt comme une information intéressante. Le fait qu’on ait tué le guru symboliquement en lui enlevant toute notion du bon sens dit quelque chose sur la direction que nous sommes en train de prendre en tant qu’humanité.
Quel était le rôle des grands maîtres, tels Jésus, Buddha, Marie-Madeleine, Quan Yin, etc. à l’origine ? Ils se sont incarnés sur cette terre pour nous ouvrir l’esprit, pour élargir nos possibilités et pour montrer, par leur exemple, que l’humain n’a pas de limites quand il garde sa connexion au divin (ou à l’univers selon les préférences).
Quand on regarde au-delà de leur incarnation et de leur forme, on verra qu’ils sont surtout venus pour représenter une certaine énergie sur cette planète. Une énergie qui n’était pas, ou difficilement, disponible à la plupart des humains avant leur passage. Avec leurs actes et leurs mots, ils nous ont permis de mieux comprendre leur vision de la réalité et ce qu’ils traversaient, ce qu’ils ressentaient, mais l’essentiel ne réside pas dans leurs actions, mais bien dans l’être, dans l’énergie qu’ils sont venus représenter. Cette énergie qui a ouvert les possibilités sur cette planète et qui a semé les graines pour une civilisation humaine avec plus de conscience.
Quelque part, ils ont fait le travail de préparer le terrain et de semer les graines dont nous sommes sur le point de récolter les fruits. Les graines qu’ils ont plantées font en sorte qu’aujourd’hui nous n’avons plus besoin de gurus, nous n’avons plus besoin de personnes qui nous guident et qui nous prennent par la main, car ils ont déjà allumé les lumières qui permettront à chacun de percevoir SON chemin. Récolter les fruits veut dire qu’aujourd’hui on ne nous demande pas de suivre aveuglement leurs enseignements ou d’étudier leurs vies, ces informations sont intégrées dans le collectif de l’humanité et de la terre, ils sont déjà à disposition à chaque instant. Aujourd’hui on nous demande d’incarner ces énergies, d’être la représentation vivante de ces énergies et de devenir notre propre maître.
L'ère de la libération
Nous n’avons absolument plus besoin de plus de gens à admirer, ou à mettre sur un piédestal (d’ailleurs cette vénération qu’on leur porte n’était jamais l’intention des maîtres), nous avons désespérément besoin de gens dans lesquels nous pouvons nous reconnaître et qui nous motivent à suivre leur exemple. Ce besoin est cohérent avec le fait que nous sommes entrés dans l’ère de la libération. Toutes nos circonstances actuelles nous poussent à nous rendre compte que nous n’avons plus besoin d’être guidés, nous avons toutes les capacités en nous pour nous organiser et entraider de manière que chacun puisse faire l’expérience de l’abondance et la fluidité. On n’est pas en manque de ressources sur cette planète ni d’argent, il y en a en profusion, on est en manque de liberté et de solidarité.
Et pourtant, on n’a jamais connu autant de gurus qu’à notre époque et cette fois-ci pas dans le sens originel du mot, mais dans le sens détourné du terme. Je ne vois pas de différence entre un leader d’une secte spirituelle qui extrait de l’argent et de l’admiration de ses membres et un politicien qui se sent au-dessus de la plupart de gens, qui se procure le pouvoir avec de fausses promesses pour augmenter son salaire au même prorata qu’il augmente les impôts pour le peuple ou encore le chef d’entreprise qui fait un culte de sa personne comme s’il était une sorte de prodige entre les humains uniquement pour baisser les salaires des personnes qui dépendent de lui le même jour de l’achat de son nouveau yacht.
Malgré tout ça, le premier réflexe de beaucoup de gens à la perte d’un guru (vrai ou faux) est de directement en chercher un autre. C’est compréhensible, car nous faisons l'expérience du déséquilibre depuis tellement de siècles en créant une situation dans laquelle la majorité de la population est sous l’influence d'une autre partie de la population tels les rois, la noblesse, le clergé, les patrons, les parents, les hommes, les intellectuels, les politiciens, les riches, etc. que nous avons presque oublié le potentiel énorme qui dort à l’intérieur de chacun de nous.
Nous sommes en train de nous réveiller de nos illusions respectives, autant ceux qui pensent avoir besoin de dominer que ceux qui pensent avoir besoin d’être dominés et de se rendre compte que les déséquilibres et l’inégalité qui existent dans ce monde ne sont qu’une grande pièce de théâtre et que les règles du jeu peuvent aussitôt être changées.
Si les nouveaux gurus existent, c’est qu’il y a toujours des gens qui ont l’impression d’avoir besoin d’eux. C’est ce qui explique qu’en lieu de faire confiance à nos propres capacités et notre propre discernement, nous nous précipitions à élire un nouveau « guru » quand il y en a encore un qui est tombé en disgrâce.
Il y a uniquement de déceptions qui peuvent suivre quand on met son pouvoir personnel dans les mains de quelqu’un d’autre. Fois après fois, notre confiance sera brisée. On ne peut pas attendre de quelqu’un d’autre de nous représenter à 100%, il y a que nous qui pouvons nous représenter à 100%. C’est ce qui cause toutes les désillusions qu’on voit aujourd’hui et qui se traduisent en divers mouvements tels les « nuits debout » ou les « indignés ». Beaucoup de personnes qui avaient une confiance aveugle dans le système politico-industriel commencent à identifier et à manifester leur désaccord. Ils sont en désaccord avec la vie qui leur est proposée ou imposée. Ils ne savent pas encore très bien vers quoi ils veulent aller ou ce qui pourrait leur correspondre, mais savoir ce qu’on ne veut pas est déjà la première étape vers la création de ce qui nous correspond.
L'émancipation de l'humanité
Nous sommes dans une période de transition où beaucoup de personnes tâtent encore un peu dans le noir. La clé vers plus de liberté sera d'arrêter d'aller à la recherche des remplaçants pour le pouvoir en place, car ce n’est pas en changeant les valeurs ou l’identité du groupe qui tient le pouvoir qu’on peut arriver à justifier le fait qu’un petit comité de gens décide du sort de la reste de la population. La clé est d'aller à la recherche des solutions à l'intérieur de nous-mêmes, pas à l'extérieur de nous-mêmes.
Pour pouvoir avancer vers autre chose, nous avons besoin de collectivement laisser mourir le guru et de faire le deuil du concept de guru. D’une situation déséquilibrée, puissants versus impuissants, aucune harmonie ni équilibre ne puisse naître. C’est simple: on ne peut pas rééquilibrer une situation déséquilibrée en maintenant le déséquilibre. Nous avons besoin de lâcher. Lâcher la notion de tutelle et devenir des co-terriens responsables, en égalité et avec le respect de chacun, comme des adultes.
Photo de fond par Marko Blazevic
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