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Spiritualité Incarnée

La religion du pouvoir et de l’argent

By 8 juin 2021octobre 13th, 2024No Comments6 min read

J’ai reçu ce qu’on appelle une éducation laïque et à l’époque de mon enfance, c’était plutôt rare. La raison pour laquelle je n’étais pas éduqué dans la religion catholique, même si je venais d’un pays catholique, et j’étais né dans une famille traditionnellement catholique, était parce que mes parents avaient été profondément dégoutés et traumatisés par leur éducation religieuse. Quand j’étais plus grande, mes parents me racontaient des histoires de prêtres qui attouchaient de jeunes garçons, de nonnes qui humiliaient les enfants devant la classe, de prêtres qui ne faisaient que prêcher la peur, etc.

Et donc, je prenais des cours de morale. Je me rappelle me diriger vers le local avec les 2 autres élèves pendant que les 30 autres copains de classe allaient en cours de religion. Dans toute l’école, il y avait 10 personnes qui suivaient les cours de moralité au lieu de religion, dont mes 2 frères et moi. Cela nous rendait différents. Je me rappelle aussi de mes copines qui me demandaient pourquoi je ne croyais pas en Dieu et si je savais que j’allais en enfer. Comme je n’étais pas élevé avec les notions de paradis et enfer, cela ne me faisait ni chaud ni froid.
Elle nous a appris l'importance de connaître les croyances des autres, car elles donnaient forme à leur réalité et leur comportement. Elle nous a appris que malgré le fait que nous n'avions pas de dogme ou nous ne faisions pas partie d'une religion, cela ne voulait pas dire que nous n'avions pas de moralité. Elle nous apprenait ce qu'était la compassion et l'empathie, elle nous apprenait à être curieux et à s'intéresser aux autres.

Je sais que cette éducation était instrumentale dans le fait que j’ai pu développer ma propre version de la vérité, je sais que parce que j’étais « différente » à l’école, j’ai appris à me soucier de ce que pensent les autres et parce que je n’ai pas reçu d’éducation catholique, je suis moins influencé par des concepts judéo-chrétiens comme la culpabilité et la souffrance (bien que nous sommes d’accord que ces mêmes principes ont fondé notre société actuelle).

Aujourd’hui j’ai la foi. Ma foi n’est pas dogmatique, mais laïque, une foi vivante et organique qui a été forgée par mes valeurs et qui se repose sur des vérités qui évoluent. Ma foi est souveraine, je suis pleinement responsable de ma propre vie et j’estime que je co-crée ma réalité à travers les choix que je fais.
C’était difficile pour mes parents d’accepter ma foi, c’est toujours difficile pour eux de comprendre que la foi puisse exister en dehors des dogmes ou institutions religieuses. Ils se sont battus pour me libérer d’un poids qui les pesait et ils ont réussi.

La leçon la plus précieuse que j’ai apprise à travers ce chemin, par contre, est que ce n’est pas parce qu’une personne s’est libérée d’une pensée religieuse, qu’elle est libre des dogmes. Ce n'est pas parce que quelqu'un se dit "laïque" que cette personne est libre et indépendante. Je dirais que c’est même le contraire, souvent l’illusion de la liberté nous rend aveugles envers les domaines de notre vie dans lesquels nous ne sommes pas libres. Le dictionnaire d’Oxford décrit la religion comme la croyance en, et le culte de, un pouvoir contrôlant surhumain.Certes, beaucoup de gens ont tourné le dos au Dieu des religions, mais seulement pour le remplacer par d’autres. Sommes-nous libres? Mes parents ont quitté la religion parce qu’ils sentaient que les gens qui représentaient le pouvoir religieux étaient de mœurs douteuses et ne méritaient pas l’autorité qui leur était attribuée. Je pense qu’ils avaient raison, mais est-ce qu’on n’a pas simplement remplacé les prêtres par des politiciens ? Ne sommes-nous pas, encore une fois, en train de suivre aveuglément des gens aux mœurs douteuses, acceptant leur pouvoir sur nous ?

Je suis persuadée que chaque événement et expérience sert un but, et donc ce dont nous faisons expérience aujourd’hui au niveau collectif sert l’objectif de nous montrer nos angles morts et nous révéler notre manque de liberté.

Mon espoir est que les circonstances actuelles nous aident à prendre conscience que même si l’influence des religions abrahamiques n’est peut-être plus présente dans la vie spirituelle de beaucoup de personnes, notre civilisation est construite sur une pensée issue de ces religions et nous adhérons toujours aux mêmes principes. Combien de personnes acceptent des règles dogmatiques sans les remettre en question? Combien de personnes sont prêtes à se sacrifier, à sacrifier leur liberté, leurs droits, pour le soi-disant bien commun ? (ou n’est-ce pas plutôt, comme dans le bon vieux temps de nos grands-parents, pour ne pas être mal vu par le voisin ?) Combien de gens se résignent au statu quo de notre monde comme un pouvoir contrôlant surhumain qui ne peut pas être modifié ?
Sommes-nous libres? Pas encore, mais je crois que la roue tourne et qu’un changement profond et systémique se profile et que nous avons la possibilité de nous libérer, si nous sommes prêts à voir nos angles morts et assumer la pleine responsabilité de notre vie.